Brossard : Papy ne fait plus de résistance
Pas besoin d’attendre la grippe ou la canicule, pour que des vieux disparaissent sans qu’on s’en rende compte…
Après 20 ans de bons et loyaux services, l’agence DDB vient en effet de reléguer aux oubliettes la star du goûter de mon enfance.
Ni une ni deux, Papy Brossard est remplacé par une bande de jeunes en vélo.
Cela dit, on ne peut pas vraiment accuser Papy Brossard d’avoir monopolisé les écrans pub ces dernières années. Ni d’avoir fait de l’ombre aux stars de la télé-réalité ou autres personnages emblématiques de la publicité.
L’intention est évidemment de rajeunir et dynamiser une image sans doute un peu vieillotte. On préfère évidemment des icônes plus jeunes et plus péchues. A l’image de Cerise de Groupama, devenue totalement interchangeable, et reconnaissable uniquement grâce à sa robe blanche à pois verts. Mais ainsi, elle restera éternellement jeune et belle… Enfin tant qu’on aura besoin d’elle, jusqu’au prochain changement de concept publicitaire.
Plus, c’est moins
Que dire de la baseline de la nouvelle campagne Brossard :
« Plus on partage, plus c’est meilleur »
On mettra de côté la figure de style de l’anaphore (répétition de mots ou d’expressions) qui fonctionne toujours bien, en pub comme en communication politique. Exemple connu : « Travailler plus pour gagner plus ».
Bien évidemment, du point de vue lexical, « plus c’est meilleur » relève d’une hérésie totale. Puisque « meilleur » est déjà un adjectif comparatif, ça ne peut donc pas être « plus meilleur ». Mais bon, dans la pub il y a longtemps qu’on n’est plus à ça près.
Nous, publicitaires et communicants, sommes aussi responsables de l’analphabétisation grandissante. A force de vouloir installer des expressions qui marquent l’esprit et l’air du temps, ne nous étonnons pas que nos jeunes ne sachent plus s’exprimer (et encore moins écrire) dans un Français correct… Alors à quand Nabilla ministre de la culture ? Non mais allô quoi !
Fin du marché noir des magnets
En parallèle, CB News et d’autres medias liés à l’actualité de la pub révèlent que la marque a lancé une plateforme officielle d’échange de magnets Savane, créés en 2011. Contre toute attente, ces magnets feraient l’objet de transactions acharnées sur le bon coin, ebay, priceminister etc.
Comme souvent, les titres de ces medias sont identiques quant à la fin du « marché noir des magnets Brossard ». Ce qui traduit bien sûr un copier-coller fidèle du communiqué de presse qui a sans doute été envoyé à toutes les rédactions, mais passons.
Surtout, l’expression « marché noir » me paraît un poil exagérée, pour ne pas dire déplacée.
Car elle nous ramène à des périodes sombres de notre histoire, où des citoyens affamés pendant et après la guerre, devaient se saigner pour se procurer des matières premières vendues sous le manteau par de vilains opportunistes sans foi ni loi.
Alors quoi ? On cherche à culpabiliser les collectionneurs-vendeurs, ces salauds qui cherchent à tirer profit d’une collection comme une autre ? Tremblez les gens, ce que vous faites, c’est mal.
Heureusement, la plateforme de la marque poursuit un objectif plus noble. Thomas Zavrosa, directeur du planning stratégique de l’agence Pschhh explique en effet que « les magnets sont devenus un levier de relation à la marque en générant de la valeur ajoutée pour les consommateurs d’une manière simple et tangible ». En clair : re-fidélisons les consommateurs en les ramenant, via cette plateforme, à l’univers de la marque.
Allez papy, maintenant faut y aller…
Un dernier hommage, trois petits tours et puis s’en va… à la maison de retraite.
Adieu papy, et merci pour tout !